Le ministre des Finances, M. Carlos J. Leitao, a déposé, le 28 mars dernier, à l’Assemblée nationale, un 4ème budget annonçant un réinvestissement dans le réseau de l’éducation primaire et secondaire de l’ordre de 1,8 milliards $ sur 5 ans. « Je dépose aujourd’hui le budget de l’espoir retrouvé. Cet espoir, c’est d’abord celui de nos enfants et de nos petits-enfants, à qui nous voulons redonner la capacité de faire des choix », a déclaré le ministre.
Cette déclaration du ministre a fait bondir le milieu de l’éducation et les parents! Nombre d’entre nous voient dans ce budget non pas de l’espoir, mais plutôt un avenir inquiétant pour toute une génération d’élèves qui paient chaque jour les frais des compressions engendrées par ce même gouvernement. On remet peut-être des sommes aujourd’hui dans le système d’éducation, mais ceci après avoir coupé les vivres à toute une cohorte d’enfants dans le besoin!
Le budget du Québec : quelques bonnes nouvelles, mais les pots cassés ne sont pas réparés!
- Québec injecte 170 M$ supplémentaires pour le réseau d’éducation primaire et secondaire l’an prochain.
- Plus de la moitié de ces sommes (94M$) viseront le soutien des élèves du préscolaire et de la première année, notamment en favorisant la prévention des difficultés d’apprentissage et la mise en oeuvre de plans d’intervention pour les élèves en difficultés.
- 1 500 professionnels et enseignants spécialisés seront embauchés pour dépister et intervenir tôt auprès des élèves de la maternelle et de 1ere année manifestant des difficultés.
Un «réinvestissement» qui se veut donc rassurant pour les plus jeunes, mais alarmant pour la cohorte d’élèves actuelle
C’est le constat que dégagent les parents du mouvement Je protège mon école publique après l’analyse du budget 2017 déposé mardi dernier par le gouvernement Couillard. En effet, après des années de compressions budgétaires, le gouvernement remet enfin de l’argent dans le système public d’éducation, mais il n’y a pas là matière à soulever des applaudissements puisque ce réinvestissement n’est en fait que le fruit des coupes engendrées dans les dernières années. On prend pour redonner ensuite et on ferme les yeux sur le mal engendré!
«Disons-le crûment. Si le gouvernement a pu engranger des surplus et «réinvestir», ce n’est pas dû à son génie comptable. C’est parce qu’il a suffisamment «désinvesti» dans les services publics au cours des dernières années pour se constituer un trésor de bonbons préélectoraux.» – Josée Legault, Journal de Québec
Le gouvernement aura effectué des compressions à hauteur de 1 milliard de dollars en cinq ans! À la lueur des chiffres énoncés, on ne peut donc pas parler de réinvestissement massif en éducation, d’autant plus que le gros des investissements est prévu pour 2020, et que le budget de l’éducation publique primaire et secondaire est loin d’être renfloué. Nous sommes loin d’un retour de l’ascenseur! Et bien des problèmes demeurent non résolus.
Les élèves du primaire (2e à 6e année) et du secondaire : les grands laissés pour compte du gouvernement Couillard.
Avec le dépôt de ce budget, le gouvernement vient certes allouer des fonds pour assurer la réussite scolaire des générations à venir, mais il fait aussi le choix délibéré d’abandonner toute une cohorte d’élèves qui sont aux prises avec des besoins qui ne seront jamais comblés, faute de financement et de services adéquats. Trop d’enfants ont été privés des services qui auraient pu assurer leur réussite scolaire au cours des dernières années. Des années qui ne pourront jamais être récupérées. Le redressement des finances publiques et les investissements annoncés cette semaine en éducation, c’est entre autres sur le dos de ces enfants, nos enfants, qu’ils ont été réalisés!
Des annonces et promesses qui ne tiennent pas la route
En scrutant bien les chiffres, on se rend compte que les ratios professionnels-élèves ne seront vraisemblablement pas améliorés, hormis pour les plus jeunes. Et des interrogations majeures demeurent : comment s’assurer que ces embauches se feront aisément, alors qu’on déplore actuellement des pénuries d’enseignants, notamment à la CSDM? Car l’austérité des dernières années aura épuisé nombre d’entre eux alors que d’autres se seront tout simplement dirigés vers le privé.
Ce budget apporte également peu de réponses et de solutions aux problèmes criants qui paralysent actuellement notre réseau d’éducation: pénurie d’enseignants et de professionnels, surpopulation dans les écoles alors qu’on prévoit l’arrivée de 13 000 nouveaux élèves à la rentrée 2017 et davantage de maternelles 4 ans… Et ceci sans parler de l’état pitoyable des écoles qui accueillent au quotidien nos enfants! S’est-on demandé comment faire autrement? Comment faire pour assouplir les règles administratives qui ralentissent le système?
C’est donc un constat déchirant que tirent les parents du budget 2017 : le gouvernement remet enfin de l’argent pour parer à des besoins urgents en éducation, mais il ne répare pas les pots cassés par ces années de compressions et d’austérité qui auront des conséquences graves sur l’avenir de toute une génération d’enfants.
Le mal étant fait, gardons l’oreille tendue vers le dévoilement attendu de la Politique sur la réussite éducative du gouvernement Couillard et espérons que des mesures concrètes et innovantes seront mises en place pour remédier aux grands enjeux qui mettent en péril la réussite éducative de nos enfants. Restons à l’écoute, restons engagés!
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