COMMUNIQUÉ POUR DIFFUSION IMMÉDIATE
Montréal, le dimanche 4 juin 2017 – Dans le cadre d’un reportage de Marie-France Bélanger diffusé à Radio-Canada le 1er juin dernier, Stéphanie Dion, mère d’un élève de 1re année à l’école Saint-Jean-de-Brébeuf à Montréal, a dénoncé la ronde incessante des dix suppléants qui se sont succédés de janvier à avril dans cette classe et les impacts dramatiques sur ses camarades et lui. La présidente de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), Catherine Harel-Bourdon, y réagissait en disant que cette situation était exceptionnelle. Or, il n’en est rien. Quelques heures seulement après la diffusion du reportage, des dizaines de parents ont informé le mouvement Je protège mon école publique que leurs enfants ont vécu ou vivent présentement la même chose.
Plus d’une trentaine de cas similaires ont été dénoncés, plusieurs à la CSDM, mais aussi des cas provenant des commissions scolaires Marie-Victorin (région de Longueuil), des Trois-Lacs (région de Vaudreuil-Soulanges), de la Pointe-de-l’Île (à Montréal) et du Val-des-Cerfs (région de Granby). L’histoire se répète : le ou la titulaire de la classe quitte en arrêt de travail pour une période prolongée ou indéterminée. C’est alors que démarre la ronde des suppléants… quand il y en a qui sont disponibles. Sinon, c’est un membre de l’équipe-école qui doit assumer une présence en classe en remplacement d’urgence, cas de plus en plus fréquents. Les enfants peuvent alors voir défiler jusqu’à cinq intervenants par jour.
Les conséquences sur les enfants sont nombreuses et désolantes. Le roulement incessant de personnel désorganise la classe; les enfants ne peuvent établir de lien de confiance durable avec une personne enseignante significative. Le suivi pédagogique est à peu près impossible; l’évaluation des apprentissages se fait sans cohésion, par intervalles et au gré des différents individus qui se trouvent devant la classe. Les enfants prennent du retard dans leurs apprentissages, vivent des bouleversements émotifs importants, risquent de ne pas développer de sentiment d’appartenance à leur milieu de vie, perdent le goût d’apprendre… Autant de facteurs qui contribuent au décrochage scolaire… parfois chez des enfants de première année!
Souvent, ces situations inacceptables surviennent dans des groupes qualifiés de difficiles ou « ingérables ». L’épuisement des enseignants est souvent connu et prévisible mais on ignore leurs appels à l’aide. Lorsqu’ils ou elles quittent, les règles (aberrantes) liées au remplacement et à l’affichage des postes contribuent à créer ce roulement. Enfin, la pénurie de personnel de remplacement ne fait qu’amplifier le problème. Et les enfants en payent le prix.
« Si l’élève était vraiment la priorité pour les acteurs du milieu de l’éducation, personne ne tolérerait qu’une classe devienne à ce point désorganisée, qu’une succession de suppléants complètement dépassés par la situation abandonnent la partie à tour de rôle, parfois au bout d’une seule journée. Il est scandaleux que les écoles, les commissions scolaires et le ministère ne prennent pas les grands moyens pour soutenir les élèves et les enseignants avant même que la situation ne dégénère, et que les remplaçants ne soient pas en nombre suffisant pour répondre aux besoins », dénonce Pascale Grignon, porte-parole du mouvement Je protège mon école publique.
« Pendant qu’on attend que le ministre Sébastien Proulx dépose, dans les prochaines semaines, les résultats de sa consultation de l’automne sur la réussite éducative, les conséquences calamiteuses de l’austérité budgétaire des dernières années continuent de se faire sentir… », conclut-elle.
Voir la liste des cas répertoriés à ce jour ›
Possibilité d’entrevues avec Pascale Grignon, porte-parole du mouvement Je protège mon école publique, avec Lyne Duhaime, présidente du conseil d’établissement de l’école Saint-Jean-de-Brébeuf, et avec Stéphanie Dion.