Montréal, le 13 mars 2024 – Le mouvement Je protège mon école publique (JPMEP) prend acte de ce nouveau budget du Gouvernement du Québec. À l’examen (non définitif) de différents documents fournis pendant le huis clos, l’augmentation de 1,4 milliard de dollars du budget de dépenses en éducation, en croissance de 7,6%, est appréciable, et appréciée. Cela comprend une augmentation de 190 millions $ pour les dépenses de fonctionnement et une augmentation de près d’un milliard pour l’éducation préscolaire et l’enseignement primaire et secondaire, qui atteint 15 milliards de dollars (ce qui comprend les salaires, des centres de services scolaires jusque dans les écoles).
Mais une inquiétude se dessine clairement pour nous face à ce déficit historique, qui devra tôt ou tard être résorbé, alors que les détails des mesures de réduction sont reportés au prochain budget. Cela nous laisse craindre que l’accent mis actuellement sur l’éducation ne soit qu’un sursis avant une inévitable rétraction des investissements. D’ailleurs, si l’on regarde la croissance des dépenses en éducation en 2025-26, elle chute brutalement… à 1%.
La précarité de notre système éducatif est pourtant palpable : vétusté des infrastructures scolaires, bris de services affectant certains élèves et disparités croissantes au sein d’un système éducatif à plusieurs vitesses. Il est essentiel que l’importance cruciale de l’éducation, mise en avant dans ce budget, ne préfigure pas le chant du cygne avant une ère de restrictions budgétaires qui pourrait compromettre la remise à flot de notre système éducatif, déjà en proie à de multiples défis. D’autant plus qu’il n’est pas nécessairement acquis que les prévisions et souhaits du gouvernement concernant différentes mesures et projets (dont les aides à la classe, au primaire) portent fruit, alors que les défis concernant les pénuries de main-d’œuvre ne se résoudront pas d’un coup.
Le milieu communautaire autour de l’école pas assez pris en compte pour la planification des besoins
Par ailleurs, nous remarquons que le Conseil du Trésor prévoit une réallocation (un budget de suppléance) de 600 millions de dollars en 2024-2025, dont 381 millions sont prévus pour l’éducation. C’est une marge de manœuvre appréciable et appréciée, que le gouvernement se donne pour maintenir le niveau de services aux citoyen.ne.s… au besoin.
En effet, force est de constater que le maillage de l’école avec son milieu de vie, avec son quartier et les ressources communautaires qui s’y trouvent, n’est pas planifié financièrement. En effet, alors que le Budget de dépenses 2023-2024 prévoyait près de 119 M $ en soutien aux organismes, la dépense probable est finalement prévue à 181 M $. Or en 2024-2025, seulement 122 M $ sont prévus, ce qui constitue une baisse de 33% par rapport aux montants réels octroyés dans la dernière année. Autrement dit, au lieu de prendre acte des besoins qui se sont faits connaître, le gouvernement semble espérer qu’ils n’étaient que ponctuels et ne reviendront pas.
On garde donc les organismes communautaires (historiquement féminins eux aussi) qui aident les familles et les écoles publiques à genoux, à quémander. Cela a pour résultat d’empêcher ce secteur (historiquement féminin lui aussi) de consolider et d’améliorer ses équipes, services et expertises, pourtant essentiels dans plusieurs milieux de vie et communautés. C’est mal connaître les conditions de vulnérabilité et de pauvreté de plusieurs milieux scolaires, pour dire le moins. Le soutien aux organismes communautaires (en éducation comme généralement, d’ailleurs) doit être envisagée dans une perspective de développement durable de nos communautés.
Il était plus que particulier de voir, récemment, le gouvernement «préparer» la population au présent budget en se faisant dire que les règlements des conventions collectives avec les enseignant.e.s avaient coûté cher et que cela aurait des impacts sur ce budget. Personne n’a été dupe car en présentant ainsi les choses, le gouvernement a en fait fait la démonstration qu’il n’avait pas compris – ou ne voulait pas comprendre – que ce dossier est loin d’être clos, que l’éducation ne peut être réglée que dans le cadre de relations patronales-syndicales. De très nombreux parents l’ont compris et ont soutenu les luttes des enseignant.e.s et des professionnel.le.s en éducation afin que leur profession – qui va de pair avec l’existence même de l’école publique et avec les conditions d’apprentissage des élèves, nos enfants, soit enfin plus et mieux reconnue. À leurs yeux aussi, les gains (salariaux et autres) obtenus par les gens exerçant ces professions participaient d’un rattrapage qui était légitime et nécessaire. D’autant plus que beaucoup se rappellent la baisse d’impôts octroyée dans le budget de 2023-2024 alors même que le gouvernement retardait les négociations des conventions collectives avec les enseignant.e.s et les professionnel.le.s en éducation notamment.
La nécessité d’une conversation nationale sur l’éducation
Assurément, les récentes grèves ne pouvaient tout régler, ce qui était de toute façon impossible, d’autant plus que nous sommes collectivement plus que mûr.e.s pour une véritable conversation nationale sur l’éducation, de l’avis même de plusieurs groupes (dont nous), acteurs et analystes.
Hier soir, le ministre Girard a évoqué les chaînes humaines entourant nos écoles à la fin de son entretien avec Patrice Roy. Cette reconnaissance témoigne de la portée de notre message depuis maintenant près de 10 ans et de l’impact de la mobilisation passée et récente des parents à travers le Québec. De plus en plus conscient.e.s et engagé.e.s, ils et elles restent aux aguets, refusant catégoriquement que l’éducation soit sacrifiée sur l’autel de l’austérité ou de la rigueur budgétaire, qu’importe le nom porté par des mesures à l’envers des investissements nécessaires pour l’avenir de nos élèves et enfants. Nous restons déterminé.e.s à maintenir notre vigilance et à défendre avec ardeur nos écoles publiques, pour le bien-être et l’avenir de nos enfants. On continue, pour l’école publique!
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À propos du mouvement Je protège mon école publique
JE PROTÈGE MON ÉCOLE PUBLIQUE est un mouvement citoyen indépendant regroupant des dizaines de milliers de parents de partout à travers le Québec, qui a pour mission de dénoncer le sous-financement de l’école publique et ses conséquences désastreuses sur la qualité de vie des élèves.
Renseignements
Porte-parole du mouvement Je protège mon école publique :
Patricia Clermont
Par courriel : medias@jpmep.com