BUDGET DU QUÉBEC 2023-2024 :
PLUS D’ARGENT… AVANT UNE BAISSE?
Montréal, le 21 mars 2023 – Bien que le Budget 2023-2024 du Québec assure que les services notamment en éducation ne seront pas affectés, en maintenant, pour cette année, la croissance annuelle des dépenses en éducation à 6%, malgré l’annonce de 1,5 milliard de dollars sur cinq ans, nous entrevoyons que dès le prochain budget, la possibilité que cette croissance passe à 3%, ne couvrant alors plus les coûts de système. Or les problèmes qui affectent le système et le réseau de l’éducation sont profonds, d’autant plus qu’ils résultent de problèmes accumulés à travers les années et les décennies. Il nous semble inacceptable d’entrevoir une baisse de la croissance des dépenses en éducation dans les cinq prochaines années.
Ce budget nous fait encore attendre des solutions concrètes à des problèmes complexes tout en nous offrant, en attendant, des pistes insuffisantes. Des moyens sont évoqués pour stimuler le goût de la lecture chez les élèves, mais rien n’est encore même dessiné pour la numératie que l’on tient à pourtant nommer. Surtout, la part du lion des 449 millions de dollars sur cinq ans revient à l’instauration d’une plateforme de tutorat… qui prodigué par des ressources compétentes et qualifiées, et adéquatement payées afin qu’elles puissent durer? Quant à l’idée d’étendre les projets-pilotes d’aides à la classe au primaire, elle procurerait deux ressources additionnelles (non qualifiées) par école, sur un total de 200 écoles. Par ailleurs, nous ne comprenons pas l’annonce de conseillers pédagogiques pour appuyer les enseignant.es, en imaginant que pour cela aussi, des détails viendront éventuellement – est-ce que ce seront des enseignant.es eux et elles aussi? La prochaine rentrée scolaire est dans six mois!
Nous sommes aussi des plus inquiets que le gouvernement mise sur un «effet enseignant» – lequel reporterait sur les épaules des enseignant.es d’utiliser des «les pratiques pédagogiques efficaces» en vue d’arriver à «une amélioration importante des résultats scolaires (…) et ce, peu importe les conditions socioéconomiques des élèves et les effets de la rationalisation des ressources.». Et ce tout en insistant sur l’importance d’un leadership pédagogique exercé par les directions d’écoles et la direction générale des centres de services scolaire? Qu’est-ce à dire? Que des décisions unilatérales à partir «d’en haut» et aux dépens des familles, tels que les médias nous en ont donné des exemples crève-cœur, se répéteront davantage? Il nous est impossible de ne pas nous inquiéter sur ce déséquilibre de pouvoirs et de moyens, et de ne pas supputer que les parents, même impliqués dans les conseils d’établissement, ne seront pas consultés, mais «informés».
Mais justement alors que trop d’élèves en difficultés sont confronté.es à des problèmes d’accès et de suivi, nous nous surprenons à voir des mesures évoquées pour mieux les accompagner, sans trop de détails – embauche de nouvelles ressources spécialisées, services éducatifs complémentaires en ligne pour les parents et élèves (ce qui retournerait la charge sur les parents, de nouveau, déjà dépassés et en demande d’aide), soutien d’écoles privées accueillant des enfants handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage). Surtout, la petitesse de l’enveloppe pour cette année étonne (66 millions de dollars sur cinq ans), compte tenus des besoins et des détresses portés à l’attention du Québec tout entier ces dernières semaines, dévoilant une inadéquation de longue date des ressources, dont une part a quitté, épuisée ou en quête de conditions meilleures (dans le réseau de la santé notamment).
Le gouvernement confirme aussi sa volonté que toutes les écoles secondaires développent au moins un projet particulier, et ce, dès l’automne prochain. Mais ces nouveaux projets seront-ils vraiment accessibles à tou.tes les élèves ? Nous voudrions surtout que le gouvernement ait la ferme volonté d’offrir une formation de base stimulante en y ajoutant des parcours particuliers pour tous et toutes, axés sur les potentiels et les ressources des communautés. De plus, le gouvernement ne soutient financièrement les élèves fréquentant des projets pédagogiques particuliers… et les autres, ceux et celles de l’école régulière?
En ce qui concerne les infrastructures scolaires, nous saluons une augmentation de l’enveloppe, mais en remarquant que nos écoles publiques sont en moins bon état qu’en 2018 et qu’il n’y a toujours aucun outil clair, transparent, public et accessible pour nous permettre de suivre ces investissements par les centres de services scolaire.
Enfin, en ce qui concerne l’efficience du réseau et du ministère de l’Éducation, nous saluons tout ce qui peut concourir à la collecte et au partage, à la mutualisation de données de manière systématisée, structurée et efficace. Mais ce ministère a connu par le passé des problèmes avec les méthodologies, notamment pendant la pandémie.
De plus, nous ne pouvons que nous inquiéter devant des énoncés sans explication qui annoncent le financement et l’implantation d’un nouveau modèle de gouvernance scolaire. Alors que le système d’éducation en français s’est fortement centralisé à la suite de la Loi 40, alors que le Premier ministre a évoqué des nominations à la tête des centres de services scolaire, nous voulons insister sur le fait que c’est de directives claires, appuyées sur des méthodologies solides et efficientes, et appliquées à travers le réseau dont nous avons besoin.
Au-delà des annonces et des beaux discours sur l’éducation depuis cinq ans, ce gouvernement manque de volonté politique pour régler les problèmes fondamentaux et offrir une vision stimulante et cohérente pour notre système d’éducation primaire et secondaire afin que tou.tes les élèves du Québec puissent réaliser leur potentiel.
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JE PROTÈGE MON ÉCOLE PUBLIQUE est un mouvement citoyen indépendant regroupant des dizaines de milliers de parents de partout à travers le Québec, qui a pour mission de dénoncer le sous-financement de l’école publique et ses conséquences désastreuses sur la qualité de vie des élèves.
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