COVID-19 et ventilation : les écoles publiques francophones méritent aussi que soient prises des mesures, maintenant!
Montréal, le 11 décembre 2020 – Le mouvement de parents Je protège mon école publique (JPMEP) demande au Premier ministre du Québec François Legault, au Ministre de l’Éducation Jean-François Roberge et au Ministre de la Santé Christian Dubé d’indiquer à la population et aux écoles qu’il est prêt à doter ces dernières de sondes de C02 et de purificateurs d’air performants, et à déterminer leurs conditions d’utilisation et d’installation optimales.
Depuis la mi-août, notre mouvement s’intéresse à la ventilation dans nos écoles – cela figurait d’ailleurs en première place de nos huit demandes conjointes de la rentrée. Nous sommes maintenant en décembre, et nous ne comprenons pas que le gouvernement n’ait pas encore annoncé que des sondes pour mesurer le taux de C02 et des purificateurs d’air appropriés seraient commandés et installés là où il le faut. Le journal Le Devoir a effectué des tests avec des sondes de C02, le 13 novembre dernier (auxquels nous avons contribué, pour trouver des participant.es), qui ont indiqué que ces sondes pouvaient aider les enseignant.es à mieux connaître la qualité de la ventilation de leur classe. Un groupe de médecins et de scientifiques a aussi fait de même à une échelle plus large, avec des résultats similaires. Une sonde peut permettre à un.e enseignant.e de déterminer si la durée de l’ouverture des fenêtres de sa classe est suffisante, ou à quel moment elle peut être la plus efficace au cours de la journée.
Quant aux purificateurs d’air, ils sont identifiés comme une mesure complémentaire à celles de la distanciation physique, du port du masque et du lavage des mains dans la fiche publiée par l’Institut national de santé publique (INSPQ) en juin (et mise à jour au début septembre). Ils peuvent aussi être utiles autant pour les classes sans fenêtres que pour les classes qui ont des fenêtres mais qui pourraient être de plus en plus difficiles à ouvrir et assez longtemps, avec les conditions hivernales qui s’amènent.
Il ne fait plus de doute, au plan scientifique, que la COVID-19 se propage bel et bien par l’air, par les aérosols. Dès lors que le gouvernement a décidé de rouvrir les écoles, à la fin du mois d’août dernier, nous nous serions attendus à ce qu’il mette en place toutes les mesures de prévention possibles afin d’y réduire les risques de transmission et de maximiser les chances que les écoles puissent rester ouvertes. Mais nous avons dû constater qu’il a fallu travailler d’arrache-pied, avec d’autres intervenant.es, pour remettre la ventilation à l’avant-plan des mesures à préconiser dans les écoles. Finalement, au début du mois de novembre dernier, le ministre de la Santé Christian Dubé a admis le retard qu’a pris le gouvernement dans ce dossier, et a déclaré avoir commencé à mettre sur pied un comité-conseil pour le conseiller.
Constatant le retard pris pour constituer ce comité, le 23 novembre, JPMEP a acheminé deux questions à la Direction de la santé publique (DGSP), et nous sommes encore aujourd’hui surpris.es de lire, dans la réponse qui nous a été envoyée, que «le nombre d’éclosions en milieu scolaire est un reflet direct de la transmission communautaire. Les éclosions en milieu scolaire, lorsqu’elles surviennent, génèrent dans la grande majorité un nombre limité de cas, ce qui démontre que les mesures en place semblent limiter la transmission du virus.» À nos yeux comme à ceux de plusieurs – dont plusieurs scientifiques -, les écoles constituent bel et bien des foyers de propagation du virus. On sait en effet maintenant que le tiers des cas de COVID est trouvé dans les écoles, ce qui en fait un lieux de transmission important, après les milieux de travail – ce que sont d’ailleurs aussi les écoles. La raison en est simple : dans ce milieu de travail intérieur se côtoient pendant plusieurs heures de nombreuses personnes qui peuvent être asymptomatiques et qui, de surcroît, ne portent pas toutes toujours le masque, en plus de ne pouvoir respecter d’autres mesures barrières comme la distanciation physique de deux mètres. Il y a d’ailleurs tout lieu de craindre qu’il y ait plus de cas que ce que l’on sait actuellement.
La majorité de nos écoles publiques souffrent d’un déficit d’entretien qui n’est pas prêt d’être rattrapé, ce qui fait en sorte que les systèmes de ventilation et les fenêtres ne suffiront probablement pas à diminuer la propagation dans de nombreuses écoles avec les conditions hivernales qui s’installent, malgré les sommes accordées et bienvenues pour les écoles par le présent gouvernement. Et les demi-classes sont logistiquement difficiles à mettre en place (alors qu’elles permettraient une distanciation physique plus optimale), étant donné la pénurie d’enseignant.es et de locaux. Dans ce contexte, cette quatrième mesure identifiée par l’INSPQ – une meilleure aération obtenue à l’aide de sondes pour le C02 et des purificateurs adéquats et adéquatement installés – nous apparaît d’autant plus essentielle pour la poursuite de l’année scolaire 2020-2021, alors que l’hiver est déjà installé.
Nous sommes inquiets, depuis que le Premier ministre a récemment affirmé que le gouvernement n’achèterait pas de purificateurs d’air «à moins que la Santé publique ne lui indique que c’est absolument nécessaire.» Et nous ne sommes pas seul.es. De plus en plus de gens – des scientifiques, des médecins, des enseignant.es, mais aussi de plus en plus de parents – en apprennent chaque jour un peu plus sur la propagation de la COVID-19 par les aérosols, et sur l’importance d’une bonne ventilation pour contribuer à diminuer la propagation au sein des écoles. Plus encore, certaines organisations, certaines commissions scolaires anglophones et certaines écoles privées ont cessé d’attendre le gouvernement, en achetant des purificateurs d’air pour les installer dans certaines écoles en ayant particulièrement besoin, par principe de précaution. Certains parents aussi ont voulu faire de même, mais force est de constater que la Loi 40 qui régit les écoles publiques francophones par le biais des centres de services scolaire empêche qu’il en soit de même pour ces écoles.
Tou.tes les élèves et enseignant.es de toutes les écoles du Québec méritent le mieux en matière de ventilation, surtout en temps de pandémie : se faire rassurer et encourager ne suffit plus. Le gouvernement doit assurer qu’il fera les achats d’appareils et donnera la directive aux centres de services scolaire de les installer là où c’est nécessaire, y compris en mettant à profit le congé des Fêtes. Il est temps de procurer aux classes et aux écoles qui en ont besoin des outils pour obtenir une ventilation efficace même en hiver. Pour que cet hiver aussi, nos écoles restent ouvertes.
À propos du mouvement Je protège mon école publique
JE PROTÈGE MON ÉCOLE PUBLIQUE est un mouvement de parents indépendant regroupant des dizaines de milliers de parents de partout à travers le Québec, qui a pour mission de dénoncer le sous-financement de l’école publique et ses conséquences désastreuses sur la qualité de vie des élèves. Les personnes qui souhaitent s’impliquer dans le mouvement Je protège mon école publique sont invitées à écrire à l’adresse : mob@jpmep.com.
Pour suivre le mouvement de parents JPMEP :
Facebook : Je protège mon école publique
Twitter : @comiteJPMEP
Mot-clic : #JPMEP
Porte-parole du mouvement Je protège mon école publique :
Patricia Clermont
c. 438-356-2305
Pour la joindre par courriel : medias@jpmep.com
1 JPMEP (25 août 2020). «Rentrée scolaire 2020-2021 – Sécuriser la santé et les apprentissages, des priorités», communiqué, https://jpmep.com/rentree-scolaire-2020-2021-securiser-la-sante-et-les-apprentissages-des-priorites/
2 Riopel, Alexis (13 novembre 2020). «L’air en milieu scolaire n’est pas exemplaire», Le Devoir, https://www.ledevoir.com/societe/education/589694/coronavirus-l-air-en-milieu-scolaire-n-est-pas-exemplaire
3 La Presse Canadienne (25 novembre 2020). «Qualité de l’air dans les écoles : des tests faits à l’insu de la direction», Radio-Canada, https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1752260/ecoles-etude-ventilation-air-coronavirus-classes ; Bellerose, Patrick (25 novembre 2020). «Testée en secret, la qualité de l’air inquiète dans les écoles», Journal de Montréal, https://www.journaldequebec.com/2020/11/25/le-taux-de-co2-dans-des-classes-inquiete Wilton, Katherine (25 novembre 2020). «12 Montreal teachers secretly tested classroom ventilation. The results are problematic», The Gazette, https://montrealgazette.com/news/local-news/12-montreal-teachers-secretly-tested-classroom-ventilation-the-results-are-problematic .
4 À la page 8 : «Selon plusieurs auteurs, l’usage de filtres à haute efficacité (MERV 13 et +) et à très haute efficacité (de type HEPA, lesquels permettent de retenir plus de 99,9 % des particules de 0,3 µm) pourrait constituer une option d’intérêt dans certaines circonstances (ex. : lorsque les débits d’air frais requis ne peuvent pas être atteints ou maintenus ; à proximité d’une personne infectée), pour réduire la dispersion d’agents pathogènes dans l’environnement intérieur (Allen et Marr, 2020; Dietz et al., 2020; ASHRAE, 2020d; Evans, 2020).» [2e paragraphe] «En somme, la filtration pourrait être considérée comme une mesure de protection complémentaire utile, entre autres lorsqu’il n’est pas possible d’atteindre les taux d’échange d’air requis.» [paragraphe suivant]. Institut national de santé publique (INSPQ) (27 juillet 2020). «COVID-19 : Environnement intérieur», version 1.2, https://www.inspq.qc.ca/sites/default/files/covid/2992-environnement-interieur-qr-covid19.pdf, p.8.
5 D’ailleurs, un projet-pilote de dépistage par la salive est actuellement en cours à Laval : (Robillard, Jean-Philippe). «Des premiers tests de salive distribués dans des écoles du Québec», Radio-Canada, https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1755331/premiers-tests-salive-ecoles-laval-projet-pilote?fbclid=IwAR2f4xndICP6RfB7MarzLXPNt6oG_fEbb72DvCdCvQUEeDAGkEWgt5ZkJGk
6 Vers la toute fin de la transcription, dans Assemblée Nationale du Québec (3 décembre 2020). «Conférence de presse de M. François Legault, premier ministre, et M. Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux», version finale, http://assnat.qc.ca/fr/actualites-salle-presse/conferences-points-presse/ConferencePointPresse-67929.html